Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

a des peignoirs blancs aux fenêtres, et des « réceptions » de concierges, sur les trottoirs. Un cocher jovial interpelle les ouvriers qui dînent aux petites tables des marchands de vin. Des gens qu’on ne voit pas beuglent :

         Viens, Poupoule !

Mirame s’allonge dans la voiture, paresseusement.

— Des personnes détestent Paris, l’été… Moi, je l’aime bien… Je le trouve si gai, si amusant ! Je m’y sens à l’aise…

M. Chalouette entend une voix dans sa mémoire : « Notre cher Paris d’été… » Lui, naguère, boudait la cité poussiéreuse et mal odorante. Mais il en avait compris tout le charme, en y promenant Cléri… Être deux qui s’aiment, seuls, plus seuls et plus libres quand les « gens bien » sont partis, quand la rue appartient aux pauvres… Voyager en bateau-mouche ou sur l’impériale des tramways ; dîner dans les guinguettes de banlieue ; revenir, les bras enlacés, par les avenues solitaires, dans la complicité de la nuit, — la nuit parisienne, ardente, électrique, chargée de miasmes