Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/187

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Il l’examinait. Elle était vêtue comme la veille. Ses cheveux ondes se gonflaient également sur ses tempes ; la ligne des sourcils était mince, droite et brune, et, quand Mirame baissait les yeux, ses paupières semblaient transparentes, veinées et bombées comme des pétales de rose.

Il la trouva désirable et il sentit qu’elle le considérait sans déplaisir. La barbe bien taillée, les cheveux poudrés de gris, rajeuni par un chapeau de paille tout neuf et un gilet blanc, il avait perdu son air provincial.

— Dites, reprit-il d’une voix tentatrice, vous avez lu les journaux ?… Il y a un crime, un crime superbe !… Un monsieur du grand monde qui a tué une dame, aussi du grand monde, sa maîtresse.

— Elle le trompait ? s’écria Mirame, les mains tendues vers le journal.

— Elle le trompait ! Alors…

Il fit le geste d’étrangler quelqu’un. Mirame dit sérieusement :

— Comme il l’aimait !

Et, saisissant le journal, elle disparut derrière un mur de papier imprimé.