Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/195

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beaux arbres en quinconces, où s’essoufflait la trompette d’un charlatan devant une douzaine de mioches et de vieilles. Et sur toutes ces choses la torpeur de l’été, l’odeur du géranium, le reflet blanc d’un ciel d’orage…

— La côte est dure ! dit M. Chalouette. Il me semblait pourtant…

Il se souvenait de l’avoir gravie en chantant, cette côte, et même, à mi-chemin, par gageure, il avait porté Cléri quelque cinquante pas.

— Et puis, je meurs de soif. Il y a là une auberge où la bière n’est pas mauvaise… Vous avez soif ?

— Si vous buvez, je boirai.

Ils entrèrent dans la salle de l’auberge, et, devant les portraits du tsar et de M. Loubet, on leur servit de la bière en canette.

— Pas fraîche, dit M. Chalouette. Détestable, n’est-ce pas ?

Mirame protesta, par politesse.

— Si… si… détestable !

Dehors, son humeur se radoucit. Il dit, d’un ton caressant :

— Le pavé ne vaut rien… Vous avez des souliers trop minces… Appuyez-vous sur moi.