Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/32

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toi !… Si ta pauvre maman vivait, elle dirait que tu ne mérites pas ton bonheur. Elle n’aurait pas compris certaines choses… Moi, je désire que tu sois heureux… Et tu es heureux… N’est-ce pas, que tu es heureux, mon petit Georges ?

Il se demande toujours si elle parle sérieusement quand elle l’oblige à se proclamer « heureux »… Quelle idée se fait-elle donc du « bonheur » ? Hélas ! les mêmes mots n’ont pas le même sens pour Georges et pour Pauline. Ce qu’elle appelle « magnanimité », il l’appelle secrètement « égoïsme »… Le bonheur !… Elle aurait pu lui donner le bonheur, avec la liberté, — qu’il n’a pas su prendre… Quelles raisons a-t-il de tant l’admirer, et de la remercier ?…

Une rancune, cent fois éprouvée, jamais avouée, contracte le cœur de Georges, pendant qu’il murmure :

— Certainement… Je suis heureux…

Et il songe :

« Je n’en peux plus !… Je souffre… Je veux partir… Trois jours sans lettres !… Jamais Béatrice ne m’a laissé trois jours sans lettres ! »