Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/46

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La venue de l’enfant, quand les parents ne l’ont pas désiré ensemble, n’est pas toujours un bonheur pour eux. À peine commencent-ils de s’adapter l’un à l’autre, que le nouveau-né absorbe toute la sollicitude et toutes les pensées de la mère. Les époux se sentent rivés par une chaîne avant qu’ils soient véritablement unis. Et c’est aussi une période bien difficile pour la femme qui trouve dans les fatigues et même dans les joies de son état une sorte de béatitude animale et d’apathie intellectuelle. Trop souvent, elle prend une âme de couveuse et relâche son esprit comme sa ceinture. Pauline, fidèle à la tradition des aïeules, sacrifia l’amour à la maternité. Elle-même nourrit le petit Pierre jusqu’à dix-huit mois. Maintenant, elle ne parlait plus du brevet supérieur et du grand concours des Annales, mais du poids variable de l’enfant, des sirops propices à la dentition, du système français comparé au système anglais, maillot ou couche-culotte ! Qu’une amie montrât un nourrisson plus lourd que le sien, elle en pâlissait !

Et elle disait à Georges :