Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/48

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jours, ce fut le succès, la réclame monstre des journaux et des magazines, la vogue qui ressemble à la gloire, l’argent vite multiplié qui annonce la fortune. Le portrait de l’auteur fut partout, avec les portraits de sa femme et de ses enfants. Des inconnues lui offrirent leur belle âme et leur personne. Des journalistes l’appelèrent « cher maître ». Pauline, un peu étonnée d’abord, prit avec autorité le rôle « d’épouse du grand homme ». Elle donna congé de l’appartement trop mesquin, déclara son intention de recevoir et de se créer des relations utiles, et, comme Georges n’entendait rien aux affaires, elle s’enquit des meilleurs placements. Cette époque de sa vie devait rester dans la mémoire de Pauline comme un songe de bonheur incomparable, où toutes ses ambitions étaient mieux que réalisées — dépassées ! Et elle ne s’apercevait même pas que Georges était bizarre et triste, qu’il n’allait guère plus au théâtre, et qu’il détournait la conversation dès qu’un admirateur lui parlait de Sylvabelle.

— Cher maître, lui disait-on, vous êtes trop modeste.

Il n’était pas modeste, il était conscient de