Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

entendue… Quand elle a chanté : « La… la… la… la… » Vous savez, ce récitatif ?… pendant la fête ?… Eh non ! vous ne savez pas… Scusi !

Le voisin de Clarence s’en alla fumer dehors, tandis que le musicien, n’osant bouger, gêné par son costume de voyage, écoutait les propos tenus derrière lui, dans une loge, par des femmes décolletées et des hommes en frac. Tout le monde cosmopolite de Rome était venu.

— Elle n’a pas eu de succès à Paris, disait une dame russe.

Un homme âgé, à grosses moustaches, répondit :

— Je ne comprends pas cette musique… Je suis un vieux. Je suis venu pour l’Alberi.

— Vous êtes amoureux ?…

— De loin… J’ai soixante ans.

— Elle est vertueuse ?

— Comme on peut l’être au théâtre… Elle a débuté, en province, si misérablement.

— Née dans le peuple ?

— À Milan… Elle a la beauté milanaise, si fine !

— Vous aimez ses cheveux ?

— Luini les eût aimés… Et ce front renflé