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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/65

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— Ne pleurez pas ! disait Georges… Tout cela est loin. Vous êtes une grande artiste. Vous êtes heureuse…

Elle secouait la tête.

— On vous admire.

Elle haussa les épaules.

Il regardait ses cils mouillés, le coin de sa bouche qui tremblait un peu, sa main nue.

Elle murmura :

— Si je perdais ma voix, je ne serais plus rien. Vous-même…

Il s’interrogea, avant de protester, et il sentit, avec une force extraordinaire, que, s’il avait aimé Parisina dans Béatrice, il aimait maintenant Béatrice toute seule. En si peu de jours, un lien s’était formé entre eux, qui n’était plus celui de l’admiration réciproque. L’amour de tête était descendu dans le cœur.

Il répondit :

— Et moi, si je n’avais plus de talent, plus du tout, que serais-je à vos yeux ?… Rien. Et cependant, l’homme vaut l’artiste. Ce qu’il y a en moi de meilleur, voyez-vous, ce n’est pas ma musique… Et la femme que vous êtes est très supérieure, je le sais, à l’admirable cantatrice…