Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/81

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— J’aime une autre femme. Rends-moi libre, puisque nous sommes malheureux ensemble.

Il pressentait la réponse de Pauline :

— Tu aimes une autre femme ? Est-ce que cela supprime tes promesses, tes devoirs et tes responsabilités ? Quel grief as-tu contre moi ? Tu m’as prise, tu dois me garder, sinon tu es un malhonnête homme… J’ai administré la fortune que tu as gagnée ; j’ai gouverné la maison que tu as construite. Le divorce m’ôterait le privilège que j’ai bien mérité, de partager ta gloire et ta situation mondaine.

Sans doute, elle dirait ces choses autrement ; elle étalerait son désespoir ; elle pleurerait… Scène tragique et stérile, qui ne changerait pas leurs sentiments ni leurs décisions. Pauline avait raison de préférer l’entente tacite. Peut-être, un jour, ils se pardonneraient leurs sacrifices réciproques, et leur ménage ressemblerait à tant d’autres ménages parisiens où la franche camaraderie, l’amitié, le dévouement même survivent au divorce secret…

Neuf ans avaient passé sur ce drame intime.