Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/90

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pupitre, au-dessus du vieux divan, le compositeur avait placé un triptyque italien du xiie siècle, dont le motif central disparu était remplacé par un beau portrait de femme… Les volets du triptyque, toujours fermés, en l’absence de Georges, étaient rabattus par lui, chaque matin, et découvraient, entre les scènes effacées de l’Annonciation et de la Mise au tombeau, le pâle et souriant visage de Celle qui régnait en ce lieu comme la madone de la Musique…

Georges, debout à son pupitre, eut un cri joyeux :

— Enfin !… Ce n’est pas trop tôt !

— Georges…

— Donne !… Mais donne donc !…

Pauline s’était arrêtée… Quoi ?… Que voulait-il ?… Elle ne comprenait pas, oubliant le paquet de lettres qu’elle avait gardées à la main, dans son trouble, inquiète seulement de dissimuler le journal… Mais Clarence ne remarquait pas le visage altéré de sa femme, le tremblement des doigts glacés… Il ne voyait que les lettres, — la lettre…

D’un geste brusque, il les prit :

— Tiens, celle-ci, c’est pour toi… et celle-ci