Page:Tinayre - La Chanson du biniou, paru dans Le Monde illustré, 1890.djvu/6

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goubrass du Finistère, les gilets brodés des Côtes-du-Nord, les coiffes des pays de Léon, de Quimper, de Rennes, de Vannes. Et le matin, dans les auberges, les âpres dialectes armoricains résonnent, mêlés au ronronnement plaintif du biniou et au gémissement nasillard de la bombarde.

Saint Cornély est, avec les pierres druidiques, la grande gloire de Carnac. Il ne se montre pas ingrat envers sa paroisse, car les bénédictions du brave évêque rapportent bon an, mal an, selon les progrès de l’épizootie et les fluctuations de la foi, douze à quinze mille livres de rente à la fabrique.


IV


Robert Léris écoutait le guide qui lui contait du même accent rauque et traînant ces particularités locales ; il admirait la silhouette grise du frêle clocher en poivrière et le porche de pierre sculptée en gigantesque couronne royale qui orne la façade inférieure. La voiture traversait la place et suivait la rue perpendiculaire à l’église, une rue assez propre, en pente douce, ouverte sur une échappée de ciel brumeux. Elle s’arrêtait devant une maison de modeste apparence dont les fenêtres fermées laissaient voir les éternels rideaux à carreaux rouges des auberges du bon vieux temps. Un rassemblement s’était formé près du seuil : des enfants de tout âge, des jeunes filles, des femmes portant la robe noire et la coiffe blanche du Morbihan, des vieillards tannés, aux traits sévères. Robert remarqua qu’ils présentaient tous des variétés à peine sensibles du même type. Bruns ou blonds, tous