Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/180

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sation d’inceste, il répondit en vouant son adversaire aux derniers outrages du diable, et il acheva la série de ses imprécations par un vœu d’une barbarie raffinée :

— Puisses-tu avaler un parapluie fermé et le rendre ouvert !

Le matamore ne trouva pas de réplique… Les cochers, les badauds, les mendiants, un moine, très intéressés par la querelle, disaient chacun leur mot, un mot toujours drôle et souvent très vilain, car le dialecte brave l’honnêteté… Ils avaient reconnu le sculpteur et prenaient son parti… L’homme aux moustaches enfonça son chapeau, roula des yeux meurtriers, jeta un blasphème et s’en alla, bravement.

Marie n’avait rien compris aux invectives napolitaines, mais elle était toute tremblante. Elle supplia Salvatore d’être plus pacifique une autre fois. Mais il répondait obstinément :

— Madame, je connais mon devoir…

On arriva enfin chez le gantier qui était un tout petit gantier, dans une boutique noire, au bout d’une impasse. Salvatore leva les bras au ciel :

— Don Ciro Torelli, ami cher !… comment va la santé ?… et la signora Torelli, voire femme ?… et vos jolis enfants ?…

Le gantier se répandit en discours, anecdotes,