Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/34

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aquilin, au type hispano-flamand, paraît vieilli par l’inquiétude. La moustache noire ne dissimule pas le pli amer de la bouche. Ses beaux yeux fauves, brouillés de vert, ont une étrange expression…

— Vous arrivez d’Arras ?… Pourquoi ne m’avez-vous pas avertie ?… Pourquoi n’avez-vous pas répondu à ma lettre ?

— Parce que je voulais une explication… Je me suis décidé brusquement à partir, et j’ai aperçu votre père à la gare. Il attendait le train de Bruxelles qui arrive cinq minutes après le train de Paris. Il n’a eu que le temps de me dire : « Viens dîner ! » et il s’est élancé vers un singulier bonhomme qui l’a embrassé, oui, embrassé sur les deux joues !… Je les ai laissés à leurs effusions, et je suis allé mettre mon sac chez ma tante… Et me voilà !

Marie demande :

— Vous êtes sûr ?… Un singulier bonhomme embrassait papa ?… C’est invraisemblable, Claude ! Papa est allé chercher à la gare et conduire à l’hôtel du Cygne un jeune homme qu’il n’a jamais vu, qui s’est annoncé par lettre, et qui est le fils du feu professeur Ercole di Toma, le grand archéologue napolitain.

— Je ne connais pas…

— Un vieil ami de papa. Ils ont fouillé ensemble