Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un regard hésitant le cou nu de Marie, sa nuque ambrée, où les tresses aux fortes racines croisaient leurs cordes soyeuses, dorées à la base et qui s’argentaient en remontant vers le front, selon la courbe de la tête. Et Claude était fasciné par cette chevelure dont la splendide orfèvrerie brillait dans la lumière comme un joyau, et qui exhalait une odeur de jeunesse, mêlée au parfum pur de l’iris.

Soudain, la jeune femme fit la moue :

— Vous êtes distrait, Claude !

Elle rejeta les miniatures sur la table et se tourna vers Claude… Et elle reconnut tout à coup ce visage qu’elle avait vu, le jour de l’aveu, et qu’elle pensait bien ne revoir jamais. Une émotion l’envahit, plaisir triste et douce peine…

Soudain, Claude prit la main de son amie et la baisa, dans ce creux sensible et délicat de la paume, puis sur la chair du poignet ; tout le long du bras demi-nu, jusqu’au pli du coude où l’épiderme plus mince laisse transparaître une petite veine bleue. Puis la porte se referma derrière lui, et la jeune femme se retrouva seule.

Les anges, autour d’elle, élevaient des lis, et les Madones, sous les colombes planantes, accueillaient dans leur âme l’époux divin. L’atelier baignait dans le silence et la blancheur comme un oratoire.