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Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/82

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Il était dans son petit lit, et il tailladait des gravures.

— Maman, tu es revenue !…

Et tout de suite :

— Qu’est-ce que tu m’apportes ?

Elle n’apportait rien.

Le mioche fut déçu. Fatigué d’être embrassé, il reprit ses ciseaux pendant que madame Van Coppenolle mère racontait sa maladie avec une abondance d’explications qui agacèrent Isabelle comme un reproche.

Elle dut écouter jusqu’au bout la vieille dame, qui ressemblait à Frédéric, et elle se souvint des conseils de la bonne tante Wallers… « Ne la supplante pas. Remplace-la ! » Madame Van Coppenolle mère n’était pas de ces personnes qui se laissent remplacer. Ses mains masculines avaient une façon de tenir les moindres choses qui était une prise de propriété, et, assise dans son fauteuil, elle y semblait installée, soudée, pour la vie !

La nurse anglaise amena la petite fille, paquet de broderies, de rubans roses et de cheveux blonds. Elle avait trois ans et, déjà, par tous ses traits, par tout son caractère, elle était une Van Coppenolle. Sa mère la caressa sans obtenir des caresses, et l’aïeule dit que l’enfant était excusable, puisqu’elle était déshabituée.