Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/154

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fier… Delysle est très volage… Il ne raconte pas ses amours, mais on dit qu’il est très volage…

Foucart riait. Sur le même ton de plaisanterie, Josanne répliqua :

— Me voilà prévenue… Mais je n’étais pas en danger…

Plus sérieusement, Foucart reprit :

— Delysle vous estime beaucoup, et il a raison… Est-ce qu’il va rester en France ?

— Mais, monsieur, je ne sais pas…

— Il ne vous a pas dit qu’il espérait une autre mission… au Japon, je crois ?

— Non, monsieur.

— À moi non plus, il ne m’en a rien dit. Il n’est pas confidentiel… Je l’ai su tout de même. Oh ! c’est un garçon très fort, très ambitieux… Il est allé au Canada, en Australie, étudier l’organisation des syndicats, la mutualité, le mouvement socialiste…

Josanne murmura :

— Je sais…

— Bonsoir, ma petite Valentin, dit Foucart, je suis charmé que vous soyez d’aplomb… Et maintenant, je rentre chez moi. Ma femme recevra les raseurs… Je suis éreinté… Et il faut que j’aille, ce soir, à la première du Vaudeville…

« Quel imbécile ! pensait Josanne. Quel pataud, quel malotru !… Il engraisse, lui, et ça ne l’embellit pas !… Et cette façon de m’appeler : « Ma petite Valentin » !

Elle essaya d’écrire, mais elle était distraite, et elle avait une sorte d’appréhension mal définie, de l’impatience, de la tristesse.