Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/172

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Il répondit :

— Oui, dimanche… Je compterai les jours. Et puis, dimanche arrivé, je compterai les heures.


Il compta si bien, dans son impatience, qu’il arriva beaucoup trop tôt. Josanne dit, en ouvrant la porte :

— Vous !… déjà !…

Ce mot fit à Noël une peine affreuse. Il voulut s’en aller. Elle le retint.

— Tant pis ! vous me verrez en robe de maison… et tant mieux ! nous aurons plus de temps pour causer, puisque ce soir vous ne dînez pas chez Mariette…

Elle avait une sorte de peignoir, une longue blouse de laine blanche, dont l’encolure, coupée carrément, découvrait sa nuque et un peu de sa poitrine. Elle souriait à Noël :

— Venez !

À peine entré dans la longue pièce aux boiseries grises, au papier d’un vert si doux, Noël éprouva une sensation de fraîcheur, de pureté, de joie. Les choses l’accueillaient. La belle lumière emplissait ses yeux et son âme.

Il ne se lassait pas de dire :

— Mais c’est très joli, chez vous !… c’est délicieux !

Josanne voulut montrer, tout de suite, ce qu’elle possédait de plus rare : le petit moulage d’une Pleureuse de Bartholomé ; et, debout, la gorge modelée sobrement sous la laine blanche, le cou nu, les cheveux relevés, elle avançait le bras d’un geste d’offrande et tenait la statuette comme une fleur. Puis Noël dut admirer les photographies qui ornaient les murs, —