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Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/174

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bleus, de tous les verts, de tous les bleus, et la forme svelte de la jeune femme apparaissait comme une ombre sur la trame blanche, pénétrée de jour. Et Noël, ému d’un plaisir enfantin, songea :

« Personne n’est venu chez elle depuis qu’elle habite Paris. Elle n’a dit ce mot, elle n’a fait ce geste pour personne… »

— Oh ! fit Josanne, avec humeur, vous ne regardez pas…

— Je regarde, j’admire, et je pense…

— Quoi ?

— Que les antiféministes seraient bien ébahis de vous voir et de vous entendre…

— Pourquoi ?

— Vous êtes tellement femme !… Oui, révoltée, oui, rebelle, ni la lutte pour la vie, ni l’indépendance, ni l’activité intellectuelle, n’ont détruit en vous les instincts de la femme, même l’instinct ménager et l’instinct de plaire… Vous aimez la parure ; vous ornez votre maison, une fleur vous enchante, un bibelot vous réjouit…

— Et cela vous étonne ?

— Oui et non…

— Comment ! l’auteur de la Travailleuse !…

— Précisément… L’auteur de la Travailleuse applaudit, et Noël Delysle s’étonne… Le premier était acquis d’avance à la femme nouvelle…

— Et le second…

— À la femme éternelle…

— C’est la même femme.

— Je le vois bien depuis que je vous connais… Mon féminisme était, je l’avoue, un peu théorique ;