Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/177

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BovaryNotre CœurLe Lys rougeAnna Karénine, l’Empreinte, le Silence, la Force des Choses… et des poètes… Verlaine, Samain… Mes compliments ! Vous choisissez bien vos amis… Voulez-vous me prêter la Force des Choses ?

Il prit le roman de Paul Margueritte, l’ouvrit, le referma… Josanne rentrait, portant un plateau :

— Tout ce que vous vous voudrez… Vous n’avez pas lu la Force des Choses ?

— Il y a longtemps !

— C’est un beau livre, triste et vrai… comme la vie. Cet homme qui perd une maîtresse aimée, et qui se console, par un caprice, d’abord, et puis par un second amour… C’est navrant !

— Pourquoi, navrant ?… Parce qu’il n’y a pas de deuils éternels, et que la vie en nous, malgré nous, sans cesse, refleurit et se renouvelle ?

— Vous croyez que tout passe, que tout s’efface, que tout va vers le néant, les êtres qu’on aima du plus grand amour, et l’amour même… Vous croyez cela ?… Mais non, non, c’est impossible ! Quand on n’a point une âme légère, on ne peut pas, on ne veut pas oublier…

— C’est la loi de la vie, pourtant ! Et c’est le commandement évangélique : « Laissez les morts ensevelir leurs morts… »

Josanne ne répondit pas ; Noël craignit d’avoir blessé l’âme douloureuse et pudique, tout enveloppée des crêpes du deuil récent. Il recommença de déplacer et de replacer les livres.

— Tiens ! dit-il, une bien jolie édition de la Princesse de Clèves