Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/199

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tirent que Renée Moriceau était près de lui. Il se retourna lentement :

— Bon Dieu ! fit la jeune femme, que vous êtes gai, Noël, que vous êtes gai !… Vous n’êtes pas fatigué de parler ?… Vous ne faites pas d’effort pour être si aimable, si aimable ?… Madame Langlois en demeurait confondue, et cette petite rosse de Vernet m’a dit… Non, ne vous en allez pas, mon cher ! Asseyez-vous !… Vous me devez bien ça, de m’entendre… Je vous ferai tous les reproches qu’il me plaira…

— Une scène, Renée ?

Il se rassit avec une résignation boudeuse.

— La petite Vernet m’a dit…

— Si vous saviez comme les discours de la petite Vernet me laissent indifférent !…

— Elle m’a dit : « Qu’a donc ce pauvre monsieur Delysle ?… On ne le voit plus nulle part, excepté chez vous… et encore !… Vient-il à vos mercredis soirs ?… Pas souvent ?… Oh ! ma chère, méfiez-vous… vous allez perdre votre « flirt »… Quand un de mes amis disparaît et ne reparaît qu’à de longs intervalles, préoccupé, distrait et grognon, je pense : « Il a sa crise… Il est amoureux… »

Noël ne répondit pas. Madame Moriceau s’installa au coin de la cheminée, dans une bergère, et, contemplant ses ongles qui miroitaient, elle affecta une dédaigneuse indifférence.

— Si vous avez votre crise, il faut le dire… Je ne suis pas jalouse et pas crampon… Mais ce que je n’admets pas, mon cher, c’est votre brusque disparition… Votre absence, que tout le monde a remarquée, me compromet autant que vos assiduités de naguère. Les