Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/200

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gens disent : « Ils sont brouillés… Pourquoi ?… Il y avait donc quelque chose entre eux ?… » Je crains les potins comme la peste… Aussi je vous ai demandé, en insistant, de venir à mon jour…

— J’y suis venu, à votre jour. J’ai subi la conversation émouvante de madame Vernet, de madame Langlois !… Je sais que les chapeaux de ce printemps auront des calottes basses, que l’auto de monsieur Vernet fait du cent vingt, et qu’il n’y a plus, en France, ni cuisinières économes ni femmes de chambre vertueuses… Je sais aussi que la comédie de monsieur Privaz est un bijou, un pur bijou !… Oui, la vie est courte, j’ai beaucoup de travail, et cependant je suis , depuis une heure. Vous me cherchez querelle au lieu de me plaindre et de me récompenser… Ce n’est pas gentil.

— On vous a récompensé d’avance…

— Comment ?

— Si vous oubliez déjà…

— Oh ! Renée !…

— J’ai dîné deux fois avec vous, en tête à tête, deux fois en quinze jours… et nous avons failli rencontrer mon ex beau-père…

— Rassurez-vous, femme très prudente ! Votre ex beau-père ne nous a pas vus.

— Heureusement !… Vous me reprochez ma prudence ?

— Au contraire…

— Tiens !

— Pourquoi « tiens » ?

— Autrefois, cette même prudence vous horripilait.