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XXII


Par les jardins du Trocadéro, où des animaux de bronze accroupis, couchés, dressés sur leurs socles, semblent adorer le soleil qui meurt, Noël descend, joyeux, vers la rivière.

Un grand ciel fauve et bleu, tourmenté de nuages et de rayons, embellit de ses prestiges le paysage démesuré… Une vapeur violette noie la Galerie des Machines, qui barre l’horizon du Champ-de-Mars. À travers les quatre jambes arc-boutées de la Tour, un peuple de fourmilière circule. L’énormité des choses devient grandeur. Une sensation de vie colossale saisit Noël, l’émeut, lui soulève l’âme, le rend aux enthousiasmes délicieux de l’adolescence. Il se sent si fort et si jeune qu’il a envie de rire, de chanter, de tendre les bras, d’étreindre le monde…

Toutes les médiocrités, toutes les tristesses charnelles, guenilles du passé qu’il traîne après lui, tom-