Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/211

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Noël relit la lettre deux fois, trois fois : il ne se lasse pas de la relire. Des larmes montent à ses yeux. Son cœur bat à grands coups profonds.

Il veut répondre, tout de suite ! et que sa lettre, cette même nuit, s’en aille vers Josanne, comme un appel, comme un cri qu’elle entendra, dont elle tressaillira toute…

Il veut lui dire, dès maintenant, ce qu’il rêvait de lui dire plus tard, les voiles de deuil tombés, l’âme guérie lentement, et lentement conquise. Il veut lui dire qu’il l’aime, de tout son cœur, de tout son instinct, de toute sa volonté, pour toujours.

Il l’a aimée sans la connaître, et, quand il l’a connue, il l’a aimée plus encore : avec tant de ferveur, de respect et de pitié ! Il l’a aimée pour son corps fragile et pour son âme vaillante, pour sa force héroïque et sa tendre faiblesse, pour tout ce qu’il sait de sa vie et pour tout ce qu’il pressent…

Car il a souffert, parfois, du secret qu’il a cru lire dans les yeux tristes, sur la bouche lasse… Il a souffert du silence de cette bouche et de l’énigme de ces yeux. Mais puisque Josanne est prête à parler, Noël, soudain, s’apaise et se rassure… Il n’y a rien, en cette femme, qui ne soit noble, beau et doux. Qu’elle parle donc en toute confiance !

Noël parlera, lui aussi. Il avouera la faiblesse de ses sens, et comment, le cœur plein de Josanne, il retournait — non pas sans honte — chez madame Moriceau… Et Josanne pleurera peut-être, mais elle comprendra, elle pardonnera. Noël lui dira : « C’est fini, fini, je ne reverrai plus cette femme. Ne parlons plus d’elle, ma bien-aimée… Je suis à vous, et vous