Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

laissez pas seul plus longtemps, abrégez l’attente et l’épreuve. Venez, mon amie, mon unique amie ! Je suis triste et je vous attends…

» NOËL. »

Josanne ne voulut pas réfléchir… Elle mit son chapeau, courut à la poste voisine et télégraphia :

« J’arriverai demain, six heures.

» JOSANNE. »

En même temps, elle prévenait la Tourette et, revenue à la maison, commençait de faire sa malle. Quand mademoiselle Miracle rentra, Josanne dit qu’une lettre de Foucart la rappelait, et elle acheva ses préparatifs, malgré les « oh ! » et les « hélas ! » de la tante.

Après dîner, pour consoler un peu la bonne vieille fille, qui avait une grosse envie de pleurer, Josanne lui proposa de l’accompagner au mois de Marie.

— Ainsi nous resterons toute la soirée ensemble.

Elles allèrent donc, avec l’enfant, jusqu’à une église de la Courtille que mademoiselle Miracle affectionnait. Dans les ruelles en pente, des touffes de lilas, des ébéniers aux grappes jaunes dépassaient les murs des jardins. L’Eure luisait, au bout, sous des ponts de bois, huileuse et souillée par les teintureries. Le haut des maisons gardait les colorations blondes du jour, sur les mansardes circonflexes et les toits de tuiles ; mais toute la partie inférieure était grise, d’un gris uniforme piqué de points lumineux. D’humbles boutiques, épiceries, merceries, s’éclairaient au feu rou-