Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/222

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et intolérante que la religion, quand elle ordonnait à la femme l’obéissance et le sacrifice — que ne récompensait plus le magnifique espoir de la vie éternelle…

Parmi les résignées, la rebelle se réveillait, demandait : « Pourquoi ?… Au nom de quoi ?… » Et, comme le prêtre disait : « Examinons notre conscience… », elle regardait en elle-même, avec une volonté sincère de se connaître et de se juger.

Mais elle y trouvait de la mélancolie, — pas de la haine, — du regret, — pas du remords. — Elle ne se disait point : « J’ai péché. Je suis impure, infâme, et je mérite le mépris… » Elle pensait seulement qu’entre son devoir d’assistance conjugale, — son devoir de pitié humaine, — et son droit de vivre, d’aimer, de goûter le rapide bonheur qui fait le prix de la vie mortelle, elle n’avait pas su, pas pu choisir…

Et elle pensait que la faute véritable, au point de vue de la stricte morale, n’est pas dans l’amour illégitime, mais dans le mensonge et les compromissions qu’il entraîne. Si elle avait pu quitter son mari, après une explication loyale, quelle différence dans sa vie, dans la vie de Claude !… Mais aussi, dans la vie de Pierre, quel désastre et quelles douleurs ! En ce cas particulier, le mensonge était certainement le moindre mal…

« Oui, pensait-elle encore, Noël me comprendra. Il verra que je ne suis pas indigne d’être ce que je veux être pour lui : son amie, sa sœur, son âme vivante et visible. J’ai sa tendresse. J’aurai son estime, parce que je mérite cette estime, malgré tout… »


L’office achevé, Josanne et sa tante prirent le