Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/225

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cela, ce baiser de Noël promis à ses lèvres !… Un jour, bientôt, Noël l’embrasserait ainsi… Comme cette pensée lui faisait peur et plaisir, cette pensée qui demeurait chaste pourtant, qui s’arrêtait au baiser et à la plus timide étreinte !

Elle ne savait comment cela arriverait, si ce serait un bonheur ou un danger pour elle, et quel serait le lendemain de ce baiser. Elle ne songeait ni au passé, ni à l’avenir, ni à rien de ce qui n’était pas son amour… Et ce mot d’ « amour » elle le murmurait, avec crainte, avec respect, comme un mot magique, dont le sens nouveau l’émerveillait…

Parfois elle cachait sa tête entre ses mains. Elle était presque anéantie par une félicité inconnue, trop lourde à son âme, et elle souhaitait mourir de cette joie, fondre, se dissoudre dans les rayons de la lune, dans le parfum des roses, dans le mystère de la nuit… Elle n’avait pas sommeil ; elle n’avait pas froid ; elle pleurait sans s’en apercevoir les plus belles larmes de sa vie.

Et voilà qu’un flot d’amour montait du plus profond d’elle, gonflait son cœur douloureux, jaillissait de ses lèvres en un grand sanglot passionné :

— Je l’aime ! je l’aime !… Ah ! comme je l’aime !…