Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/276

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demain, toujours, c’est la vérité, la vérité !… Je ne vous pardonnerais pas un mensonge, — fût-il charitable ! — à vous moins qu’à toute autre, parce que je vous aime… et aussi, hélas ! parce qu’au fond de moi une peur s’éveille, une involontaire inquiétude devant la femme qui a si longtemps et si bien menti !…

Josanne tressaillit :

— Vous n’avez plus confiance en moi ?… Mais je vous ai donné hier et tout à l’heure des témoignages irrécusables de ma sincérité !… Mon secret, vous le connaissez, et je vous découvre toute mon âme, avec le bien, avec le mal, avec les contradictions qui sont elle… Et vous avez peur… Quelle injustice !

Noël ne répondit pas, Josanne roulait son petit mouchoir humide entre ses mains, et elle répétait :

— Quelle injustice !… Quelle injustice !…

Noël dit tout à coup :

— Et l’autre ?

— Qui ?

— Celui que vous aimiez !… Quel conseil vous a-t-il donné ?…

— Noël, ne parlons pas de lui.

— Pourquoi ?

— Je ne veux pas l’accuser devant vous… Par respect pour moi-même…

— Vous ne l’accusez pas ; vous l’excuseriez plutôt ! J’admire votre indulgence… Ah ! vous n’avez pas de rancune, vous !

— Noël !

— Vous l’avez revu, vous lui avez pardonné !…

— Je lui ai pardonné !… Je ne l’aime plus, mais je ne peux le haïr…