Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/279

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la douleur !… Josanne ! ma chérie, mon amour, j’engage la lutte contre un ennemi voilé, inaccessible, qui se dérobe au plus obscur de vous-même : le souvenir !… Josanne, aidez-moi !… promettez-moi que je vaincrai !… Dites-moi qu’à force de m’aimer, vous croirez n’avoir aimé que moi, n’avoir eu de joie, de peine que de moi ?…

— Oui, mon bien-aimé !… J’en suis sûre… Laissez faire le temps…

Et tout à coup, sans honte, Noël pleura, la tête sur le sein de son amie. Les paupières baissées, il pleura des larmes rares, brûlantes… Et, passionnément, il appuyait son front, d’une pression lente, obstinée, contre la douce poitrine, comme pour la pénétrer, pour atteindre, au plus profond de la chair, le cœur même, la vie palpitante de Josanne.

Elle le sentit vaincu, reconquis, — et l’âcreté de leur chagrin s’adoucit un peu, de leurs larmes mêlées.

Elle répétait :

— Que faire, mon Dieu ? Que faire ? Que pouvons-nous

Il répondit :

— Nous aimer… Souffrir ensemble…