Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/284

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« Elle a des arrière-pensées que j’ignore : elle se complaît peut-être à des souvenirs qu’elle n’oserait avouer… Elle ne me dit pas tout !… Pourquoi ne me parle-t-elle jamais de son enfant ?… J’ai essayé de l’aimer, ce petit, et rien, en moi, ne trahit une malveillance involontaire, ni même la tristesse, bien naturelle, que je ressens, quand il est là, entre nous deux… »

Il reprochait à Josanne l’espèce de pudeur qui l’empêchait d’aimer Claude, à cœur ouvert, devant lui… Elle était — croyait-il — plus amoureuse que maternelle, et, souvent, Noël se demandait ce qu’elle faisait de son fils, pendant leurs rendez-vous quotidiens et leurs promenades. Il supposait que la Tourette seule s’occupait de Claude. Peu à peu il s’aperçut que Josanne surveillait la santé, le caractère, l’éducation de son enfant. Claude allait à l’école primaire la plus voisine, et la Tourette assumait le soin de le conduire, de l’aller chercher, de le faire jouer dans le square Notre-Dame. Mais, absente ou présente, la mère ne négligeait pas son cher devoir. Elle songeait à Claude, sans doute, quand Noël la voyait se hâter, tout inquiète, d’une inquiétude qu’elle n’exprimait pas.

Il souhaitait qu’elle exprimât cette inquiétude, et sa tendresse, et tous ses sentiments, qu’elle lui parlât comme elle se parlait à elle-même… Ne comprenait-elle pas qu’il faisait un effort méritoire pour aimer Claude ?… Et pourtant, Noël qui eût adopté si aisément le fils de Pierre Valentin, ne pouvait que subir le fils de l’autre

L’autre… Ah ! comme, de jour en jour, Noël