Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/306

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bois de Boulogne, la présidente de la « Fraternité » reconnut madame Valentin au bras d’un jeune homme, dans une allée obscure… Redoutant que l’ex-secrétaire du groupe ne passât décidément à l’ennemi — à l’homme ! — madame Gonfalonet confia ses craintes à mademoiselle Bon.

— Cette jeune femme compromet nos idées en se compromettant…

Et la trésorière, mademoiselle Otchipoff, une Russe qui avait écrit un opuscule pour inciter les femmes à faire « la grève des ventres », proposa d’exclure Josanne discrètement…

— Il ne faut rien exagérer ! dit la présidente. Madame Valentin n’a pas commis un crime ; mais elle saura qu’une féministe, dévouée à la Cause, ne doit donner aucune prise à la malignité de nos adversaires… De même, un prêtre défroqué doit être plus austère qu’un autre homme…

Un jour, en sortant d’une « Crèche modèle » où Josanne avait tout regardé sans rien voir, mademoiselle Bon essaya de morigéner la coupable :

— Qu’avez-vous donc, ma petite ?… Vous négligez vos devoirs professionnels, vous oubliez les heures des interviews, vous ne corrigez plus vos épreuves, et vos articles ne valent plus ceux que vous écriviez cet hiver… Monsieur Foucart est mécontent, je le sais… Soyez raisonnable, Josanne, redevenez ponctuelle et consciencieuse !

— Je suis si occupée !

— Vraiment ?… Ce n’est pas la « Fraternité féminine » qui vous occupe ! Vous manquez à toutes les séances…