Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/325

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Assurément, madame Grancher — la « mère Grancher », disait Josanne — avait parlé de la rencontre en chemin de fer. Elle avait parlé de Claude… Maurice, déçu dans ses espoirs de paternité légitime, se souvenait donc qu’il avait un fils ?

Oui, c’était la raison, la vraie, l’unique raison de ce brusque retour vers Josanne… L’enfant !

« Mon Dieu ! se dit Josanne, que penserait Noël, de tout ceci ?… Il verrait, en mon pauvre Claude, une menace perpétuelle pour notre amour. Il le prendrait en haine… Et moi, comme je souffrirais ! »

Elle frémit.

« Allons ! tout le mal peut être évité, si Maurice ne revient pas, ou si je l’avertis de ne pas revenir. Noël ne soupçonnera rien… Ah ! je n’y veux pas penser, pas une minute de plus… Au travail ! »

Ses idées flottaient ; elle tenait sa plume d’une main si tremblante encore qu’elle écrivait tout de travers. Cependant elle s’acharna, et la paix lui vint, avec l’oubli pour une heure.

Des abonnées de province se présentèrent, qui demandaient des renseignements sur des concours et des primes. Josanne les reçut avec une amabilité prolixe et fébrile. Enchantées, elles renouvelèrent leur abonnement.

Et le temps passa. Bersier vint remplacer Josanne. Il lui dit qu’elle était pâle et que sa pâleur était jolie.

Elle répondit :

— Bersier, je n’ai pas fini de relire la page des réclames. C’est plein de « coquilles » ! Il y en a d’énormes, dans le petit article sur cette chose élec-