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souverain, guéri du péché et paternellement ému par les « innocentes colombes » de Racine. Au lieu des grands vers tragiques, de petits vers badins ; au lieu des chœurs sacrés, des ariettes ; au lieu des coiffes modestes et des jupes longues, des robes étincelantes, démesurées par leur ampleur, chargées de blonde, de guirlandes et de festons ; au lieu du drame biblique, l’opéra ou la comédie légère, et quelquefois la grande comédie, puisque la pièce d’ouverture, choisie par Mme de Pompadour et jouée devant quatorze personnes — le 17 janvier 1747 — c’est Tartuffe.

Le goût de la voltairienne, de l’amie des encyclopédistes, s’affirme dans ce choix. Pompadour-Dorine, fière de montrer sa gorge éblouissante, refuse le mouchoir hypocrite offert par le faux dévot, et, raillant l’« Imposteur », elle croit affaiblir, dans l’esprit du Roi, les scrupules religieux qui, trop souvent, lui reviennent et le hantent. Mais Molière est trop grave ou d’une gaîté trop mélancolique sous les oripeaux du burlesque, pour mettre en valeur les grâces fragiles de la favorite. Elle préférera un comique plus mince, une satire plus légère, des pièces qui auront la saveur du temps actuel, les Trois Cousines de Dan-