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comédienne sur les sens et l’imagination masculine, le Roi la subit, charmé, et s’il jette, par hasard, les yeux, à sa droite, Louis XV doit les détourner vite, pour ne pas mêler à la vision éclatante l’image triste de Marie Leczinska, coiffée en vieille femme de son éternelle fanchon noire.

Mais à Paris, le public se fâche. Si les salons et les philosophes défendent la marquise — n’a-t-elle pas montré son goût pour les idées et les talents nouveaux en jouant l’Alzire de Voltaire ? — les faiseurs de pamphlets dénoncent la dilapidation des finances et l’exemple immoral donné par le Roi. « Lindor — écrit l’un d’eux — gêné par sa grandeur pour prendre une fille de coulisses, se satisfait en prince de son sang ; on lui bâtit une grande maison, on lui élève exprès un théâtre où sa maîtresse devient danseuse en titre et en office. Hommes entêtés de la vanité des sauteuses ; insensés Candaules, ne pensez pas que le dernier des Gygès soit mort en Lydie[1]. »

Et le marquis d’Argenson, ennemi personnel de la marquise : « On vient d’imprimer un recueil fort ridicule des divertissements du théâtre des Cabinets

  1. L’École de l’homme ou Parallèle des portraits du siècle et des tableaux de l’Écriture Sainte, par Dupuis (?).