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détresse de son vieux maître Crébillon, et, dans un élan qui l’honore, fit venir le poète à Versailles, les détails de l’entrevue exaspérèrent la frénésie jalouse de Voltaire. Crébillon, introduit chez Mme de Pompadour, qui était souffrante et alitée, l’avait remerciée en lui baisant la main. À ce moment même, le Roi entra : « Ah ! Madame, dit finement le vieillard, le Roi nous a surpris ; je suis perdu. » Le Roi daigna sourire et confirma la donation promise de cent louis sur sa cassette et d’un logement au Louvre. Bien mieux, il s’intéressa à la publication de Catilina, imprimé aux dépens du Trésor, à l’Imprimerie royale. Voltaire ne put pardonner à la marquise sa bonté pour un poète malheureux. Il s’en fut à Ferney, de rage ; il écrivit, après tant de madrigaux à la belle « Pompadounette », de petits vers assez dégoûtants et donna son cœur au roi de Prusse… La mort prématurée de la marquise lui inspira pourtant quelque repentir, mais la rancune le tenait encore. Il écrivit au comte d’Argental : « Quoique Mme de Pompadour eût protégé la détestable pièce de Catilina, je l’aimais cependant, tant j’ai l’âme bonne. » Et à Damilaville : « Comptez, mon cher frère, que les vrais gens de lettres et les vrais philosophes doivent