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IX


Une à une, elles s’en vont, les belles années, les brèves années d’amour ; elles s’en vont parmi les intrigues et les plaisirs, et la jeunesse fatiguée de la marquise sent déjà le petit froid du déclin. Le soir, après le théâtre, après le souper du Roi, celle qui fut Galathée ou Colette, remonte, par les petits escaliers sombres, à sa jolie chambre de l’appartement du haut. Le Maître doit venir. Il faut dépouiller la vaste robe si lourde, le corps aux échelles de rubans, les fleurs, les bijoux, les plumes ; et commencer la toilette de nuit, avec des soins de courtisane. Être belle le jour, la nuit, à toute heure, dans tous les costumes, malgré les chagrins secrets et les misères féminines — quelle tâche, quel effort ! La robe est tombée ; les cheveux se déroulent dans un nuage odorant, l’eau parfumée