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sont les débuts de la femme politique qui, de plus en plus, interviendra dans les affaires, qui nommera les ministres et les généraux, soutiendra Belle-Isle et Soubise, recevra des lettres flatteuses de l’impératrice Marie-Thérèse, et se déclarera personnellement l’ennemie du roi de Prusse. Forte des secrets conquis, de la science qu’elle possède des hommes, de la Cour, du caractère de Louis XV, elle fera la guerre aux jésuites et au Parlement, elle inaugurera un nouveau système d’amitiés et d’alliances. Nous ne la suivrons pas dans ces intrigues politiques que ne rachètent pas, devant la postérité, deux pensées, réalisées en deux grandes œuvres : la Manufacture de Sèvres et l’École militaire. Nous n’en retiendrons que ce qui peut éclairer la vie intime de la femme, expliquer l’évolution de son caractère et la forme de ses relations avec le Roi. Nous la verrons, en l’espace de dix années, se transformer complètement, perdre, dans l’atmosphère de Versailles, cette douce bonté qui lui était naturelle et, grisée par sa vaine gloire, justifier le jugement attristé de Bernis : « La marquise n’avait aucun des grands vices des femmes ambitieuses ; mais elle avait toutes les petites misères et la légèreté des femmes enivrées de leur figure et de la supériorité