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entre ses courtines, et s’il ne dormait pas, songeait, douloureusement, à l’agonisante qu’il ne devait plus revoir en ce monde.

Elle, étouffée et suffocante, ne pouvant supporter le lit, se tenait, le buste droit, dans sa bergère, et tandis que le matin tendait un fil gris entre les volets, sa pensée rejoignait celle du Roi, évoquant peut-être les souvenirs de l’amour passé : le phaéton bleu de Sénart, le bal des Ifs, l’Appartement du haut, le petit théâtre et la robe de Galathée, peinte de roseaux vert et argent, d’algues et de coquillages.

Peut-être aussi, mesurait-elle la vanité des honneurs achetés par tant de complaisances et de chagrins secrets.

Tout ce qui avait été la grande affaire de son existence, elle le considérait maintenant avec une indifférence qui étonnait ses amis, et dont on n’a pu savoir si c’était un effet de la religion ou de la philosophie, un mépris chrétien pour les grandeurs de chair, ou l’adieu d’une épicurienne fatiguée à un monde dont elle a épuisé les joies et les peines.

Il me semble que la foi de la marquise était bien incertaine pour affermir ainsi son courage ; et je pense plutôt que Mme de Pompadour regardait la