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Et ce sont autant d’échelons de la vertigineuse échelle qui aboutit… dans les nuées, à l’inaccessible Olympe de Versailles.

Car Mme Le Normant d’Étiolles continue le rêve de Mlle Poisson, sans que le mari s’en inquiète, sans que les amis du ménage voient, dans le prétendu amour de « Reinette » pour le Roi, autre chose qu’une innocente coquetterie. Seuls, Mme Poisson et M. de Tournehem savent ce qu’il y a de vérité dans ce prétendu badinage ; mais ils sont les auteurs et les complices de cette folie de la jeune femme, et ils partagent ses vues secrètes, et il ne leur déplaît pas que le phaéton bleu, parcourant la forêt de Sénart, présente aux yeux du Roi la « dame en rose ».

À ce moment de sa jeunesse, Mme d’Étiolles atteint la perfection de sa beauté. La vie n’a pas encore touché la fragile fleur d’un teint où l’ombre même reste claire, teint de blonde, « déjeuner de soleil » qui révèle un organisme lymphatique et sans résistance, mais qui, dans son premier printemps, fait songer aux plus délicates merveilles : à la nacre des coquillages, au cœur rosé des églantines. Les traits sont réguliers et fins. Les lèvres un peu trop pâles, que les jolies dents mordillent pour