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ne l’embarrasse ; ni sa mère, ni son oncle Tournehem, ni ses amis les philosophes, ne la détourneront de son extraordinaire fortune. Personne ne prendra le parti de M. d’Étiolles contre le caprice du Roi. Heureuse, respirant sous la dentelle de son capuchon le parfum du mouchoir froissé par la main royale, « Reinette » savoure l’émotion qui lui vient du Roi et de l’amant ; mais comme elle a les sens rétifs et la tête froide, elle n’est pas assez enivrée pour oublier d’être habile. Elle devine que le Roi est séduit, non pas asservi. Elle calcule les gages qu’elle accordera et ceux qu’elle demandera. Que dirait-elle si elle savait que, cette même nuit, Louis XV a remarqué une autre femme, une jeune fille, parente de l’abbé de Bernis, et qu’il lui a donné un rendez-vous — comme à Mme d’Étiolles et à quelques autres — au bal de la Ville de Paris, qui clôturera les fêtes du mariage ?

Le Roi avait reçu Paris dans son château. Paris, à son tour, recevait le Roi dans la maison communale, le vieil Hôtel de Ville, qui n’était plus qu’une immense salle de bal. Au dehors, grouillait et bruissait le peuple, mis en joie par les illuminations, par les orchestres en plein air, par les dis-