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Antoinette et sa petite Alexandrine. Comme il allait partir, l’oncle Tournehem arriva. Il devait montrer un visage composé où se mêlaient singulièrement la fierté, la compassion, l’ennui et une fausse tristesse, car s’il aimait son neveu, il préférait Jeanne-Antoinette, et s’il les avait mariés, naguère, c’était par intérêt pour elle plus que par tendresse pour lui. Entre le neveu et la nièce, s’il était obligé de choisir, le choix était fait. Les liens du sang, l’honneur n’étaient rien pour M. de Tournehem devant l’extraordinaire fortune de « Reinette » — fortune qu’il avait préparée, sinon prédite. Le « morceau de Roi » appartenait au Roi, et le simple trésorier n’avait qu’à baisser la tête… M. de Tournehem avertit donc M. d’Étiolles de ne plus compter sur sa femme, envahie tout entière par une passion si violente qu’elle n’avait pu lui résister. Il ne restait plus d’autre parti à prendre qu’une séparation amiable et définitive. M. Le Normant d’Étiolles semble n’avoir pas estimé l’honneur que lui faisait le Roi. Il n’avait pas encore atteint cette perfection de philosophie qui était propre aux maris, dans le charmant XVIIIe siècle ; il n’avait pas l’étoffe d’un vrai courtisan, complaisant en toutes choses à la volonté du souverain ; enfin, il avait