Page:Tinayre - La femme et son secret, 1933.pdf/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
le démon de midi

« Tu verras quand tu seras mariée ! »

Ainsi le mariage autorisait ce sans-gêne, expression physique de l’égoïsme. Les honnêtes femmes n’en étaient pas offensées. Au bonnet de coton de Monsieur répondait la camisole de Madame. Les petites laideurs, les petites infirmités corporelles, les fonctions basses, le sacrement couvrait tout. Et si l’un des conjoints répugnait à ces pratiques, il passait pour un débauché.

D’où vient cette impudeur qui s’autorise de la vertu ? Comment les femmes peuvent-elles s’y plier ? Questions déconcertantes. Les mêmes personnes, aujourd’hui vieilles ou vieillissantes, qui ne regardaient pas leur mari comme un homme, ou leur femme comme une femme, crient bien haut contre le scandale des nudités publiques, et des bains de soleil. Je ne défends pas les étalages de chair. C’est la pudeur que j’honore, parce qu’elle est la mère de l’amour. La grossièreté conjugale l’offense beaucoup plus que certain nudisme.

La pudeur est une invention du Génie de l’Espèce, disait-on, lorsqu’on croyait encore au Génie de l’Espèce. La femme y a trouvé un