Page:Tinayre - La femme et son secret, 1933.pdf/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
le démon de midi

beau de vous sauver la vie. Encore faut-il vous la rendre douce.

La femme ne demande pas à l’homme qu’elle aime des sacrifices inouïs : elle souhaite seulement un peu de sollicitude attentive, quelques minutes chaque jour. Cela représente pour un homme de ce temps-ci, un effort de volonté. Il a tant d’affaires en tête. Il est tellement tiraillé et surmené !… Qu’il fasse, pourtant, cet effort. L’habitude le lui rendra facile, et le bonheur de l’être qu’il aime — leur bonheur à tous deux — est à ce prix.

Un chrétien, si occupé qu’il soit, réserve, matin et soir, le temps de faire oraison, et si courte soit cette oraison, elle nourrit sa vie intérieure. L’amour est un élément de cette vie intérieure, et il commande aussi qu’on fasse oraison. C’est une condition de sa durée. La néglige-t-on, l’amour devient une habitude du cœur et du corps, nécessaire et sans prestige, comme la chaleur du calorifère dans la maison. On a besoin de cette chaleur, mais on s’y accoutume tellement qu’on n’y pense plus. Il faut qu’elle manque pour qu’on apprécie, par le contraste, sa douceur. Ainsi des

7