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LA FEMME ET SON SECRET

tude… Oui, croit-il, la princesse le trompe. Elle sera bien aise d’être délivrée de lui. George Sand a écrit l’histoire d’un autre mari, qui, dans les mêmes circonstances, se sacrifie au bonheur de sa femme en se tuant. M. de Clèves est trop bon catholique pour commettre un crime sur lui-même, mais il se laisse mourir.

« Pourquoi m’avouer votre passion pour un autre si vous n’aviez pas la force d’y résister ? Je vous aimais jusqu’à être bien aise d’être trompé. Je l’avoue à ma honte. J’ai regretté ce faux repos dont vous m’aviez tiré. Que ne me laissiez-vous dans cet aveuglement tranquille dont jouissent tant de maris ? J’aurais peut-être ignoré toute ma vie que vous aimiez M. de Nemours. »

À ce discours, Mme de Clèves répond par des larmes. Puis elle se justifie comme elle peut. M. de Clèves meurt un peu moins triste, mais, enfin, il meurt, et peut-être aurait-il vécu s’il avait eu bien envie de vivre.

Avant de désespérer un homme qu’on ne veut pas quitter, il faut y prendre garde, et se demander si tel aveu qu’on ne pourra jamais reprendre est indispensable.

Le romancier, ainsi que l’avocat, le méde-