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LA FEMME ET SON SECRET

sauver. Une femme se sauve toute seule avec l’aide de Dieu, si elle croit en Dieu ; par stoïcisme, si elle a des principes philosophiques (n’y comptons pas trop), et quelquefois tout simplement parce qu’elle n’a pas la force de rompre des liens très solides, de désoler un mari qu’elle aime plus qu’elle ne croyait l’aimer. Si elle a la force de se taire, peut-être s’apercevra-t-elle un jour que sa passion est passée. Il lui restera un souvenir secret, qu’elle chérira. Et elle n’aura rien détruit.

Une seule fois il m’est arrivé de donner un conseil exactement contraire. Ma « pénitente » n’était capable que d’une sincérité approximative et l’aveu n’était que relatif. Cela se passait dans une toute petite ville où les dames qui n’ont rien à faire occupent leurs loisirs à surveiller leurs voisines par le moyen de miroirs très bien dénommés « espions ». Une veuve, encore jeune et blonde comme le lin flamand, avait été trop peu farouche envers un monsieur trop hardi. Il avait disparu de son existence, mais les miroirs se souvenaient de les avoir vus, tendrement enlacés, au soir tombant, et la receveuse de la poste avait transmis des dépêches, en style convenu.