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la femme et son secret

ture nuptiale, le poids de l’enfant alourdi de mois en mois, l’arrachement final, les servitudes de l’allaitement et les orages douloureux de l’automne charnel. Tu connaîtras le désir de l’homme, que tu appelleras « l’amour », et qui n’a de l’amour que le nom. Tu connaîtras l’ingratitude ou l’indifférence du mâle comblé. Tu connaîtras l’horreur d’enlaidir, l’horreur de vieillir, après avoir été belle et jeune. Tu apprendras que les enfants les plus aimés se détachent de nous. Tu seras une femme, pauvre petite ! »

Il y a tout cela, inconsciemment, dans le soupir de la jeune mère.

Cela ne dure pas, cela ne pourrait durer. S’il y a des femmes qui pleurent sur leur fille nouvelle-née, c’est dans les pays sauvages. Chez nous, l’éclair de l’instinct est rapide et vite oublié, parce que la complaisante imagination féminine se met à l’œuvre pour enchanter — au vrai sens du mot — la jeune femme. Une fille ! Elle sera jolie, elle sera douce, elle sera la poupée ravissante, puis la petite compagne, l’amie de sa maman. Elle n’ira pas à la guerre. Elle ne « courra » pas, comme font les jeunes gens, dès leur dix-sep-