charme singulier aux confidences involontaires — bien loin de la mode d’aujourd’hui où l’auteur se montre tout nu. La curiosité du lecteur a quelque chose à découvrir et à conquérir, et elle prend une nuance plus tendre. C’est ainsi qu’il faut lire Mme de Lafayette. Elle a un secret. Il est dans son œuvre comme il est dans sa vie.
Une vie en clair-obscur, où l’amour n’est peut-être qu’une amitié plus exclusive, où l’amitié n’est peut-être que l’amour sans flèches, et sans ailes, pour parler le langage du temps. Tout y est sagesse, mesure, élégante harmonie, délicate pudeur. Pourquoi cette étude si attentive de la jalousie ? Pourquoi ce refus du bonheur à tous les amants, et même à ceux que rien ne sépare plus, rien qu’un scrupule ? Pourquoi cette conclusion pessimiste : que toujours un homme fait repentir sa femme ou sa maîtresse de l’imprudent aveu qu’il en a reçu ?
Toutes ces aventures du cœur finissent en catastrophes, ou ne finissent pas. Poèmes inachevés. La vie de l’auteur n’est-elle pas aussi un poème inachevé ?
La Rochefoucauld n’avait pas cinquante ans