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L’HÉROÏSME FÉMININ

aimer, ce sera assurément de cette sorte ; mais, de la façon dont je suis, je ne crois pas que cette connaissance que j’ai me passe de l’esprit au cœur. »

Ce portrait qu’il trace de lui-même est un peu antérieur aux débuts de sa liaison avec Mme de La Fayette. Il reniait ses passions défuntes, et ne se croyait plus capable que d’un amour de tête. Est-ce par cet amour que commença une affection où l’amour passa de la tête au cœur, et, chemin faisant, prit le nom d’amitié ?

Ce furent — de 1665 à 1672 — quelques années obscures, peut-être troublées. L’intimité de Mme de La Fayette et de M. de La Rochefoucauld fit parler les médisants d’autant plus que les deux amis étaient mariés. M. de La Fayette, depuis longtemps séparé de sa femme, ne comptait plus, et la duchesse de La Rochefoucauld ne comptait guère, bien qu’elle eût donné huit enfants à son mari, mais Mme de La Fayette représentait la sagesse et la raison, et le monde ne permet pas que l’on change de personnage.

Ces premiers chapitres du roman vécu, d’où sortirent les romans rêvés, nous ne pouvons