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la femme et son secret

de lettres qu’une femme lui envoyait. Ces lettres, datées de 1844 à 1851, avaient été écrites par Victor Hugo à Léonie Biard, la « duchesse Thérèse » une très jolie femme blonde, qui était sa maîtresse depuis sept ans.

Juliette ne mourut pas de douleur. Elle courut à travers les rues de Paris, comme une folle, répandant son cœur et ses larmes sur le pavé. Puis elle écrivit une lettre où se montre la sublime générosité de l’amour vrai, prêt au sacrifice. Le poète se souvint alors. Il compara l’abnégation de Juliette à la férocité de Mme Biard. L’affreuse action de la jeune femme pesa sur lui comme un crime personnel, et quand se furent achevées les semaines d’« épreuve », voulues par Juliette, il revint à son vieil amour.

Mais le Démon de midi est entré dans sa vie.

À quarante ans passés, académicien, pair de France, reçu familièrement chez le roi, il aspire à devenir un conducteur de peuples et un prêtre de l’humanité, et voici que le Démon déchaîne en lui le grand Faune des bois du Parnasse. Le désir de la femme (ce que Juliette appelle « la plaie de la femme ») va brûler sa chair, rançon de la jeunesse trop sage et de