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la petite enfance

annonce la coquetterie consciente de la femme. Ce n’est pas, à vingt ans comme à trois ans, un appel à l’amour, mais une volonté de puissance.

On voit pourtant de très petites filles s’éprendre d’un homme, l’admirer pieusement, être jalouses de sa femme ou de sa fiancée. C’est un cas beaucoup plus rare que celui du petit garçon amoureux. Le petit garçon imaginatif et sentimental, malgré sa brutalité de jeune chien, se fait une idole de telle fillette plus âgée que lui, ou même d’une grande jeune fille. Il lui rend un culte silencieux, n’attend rien d’elle, et ne demande rien.

Il est paralysé par la pudeur.

Car la pudeur sentimentale est naturelle à l’homme. Elle est faite d’orgueil, de jalousie, de honte, et de cette peur du ridicule qui rend timides certains bons gros géants. Le petit garçon amoureux n’ose pas, sans tours, détours, et cruelles perplexités, révéler sa passion à l’Idole. Il ose seulement la confier à quelque personne sûre : sa maman, si la maman n’est pas décourageante. Ainsi j’ai reçu mission d’aller demander en mariage, pour un jeune homme de six ans, une personne du