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la femme et son secret

ment où la vie sentimentale va commencer.

Car, dans cette naïve confession, il n’y a pas trace de vice. La petite Gretel est une fille d’Ève, et elle entend bien siffler tout bas le vieux serpent, mais elle ne comprend pas son langage. Elle est saine, d’âme et de corps, équilibrée, intelligente et sensible. À ses découvertes, qu’elle note avec une candeur si crue, elle mêle les événements de sa vie de lycéenne. L’instinct qui n’éveille encore que sa curiosité sans émouvoir ses sens enfantins, ne salit rien en elle, et s’il y a de l’amour qui s’ignore dans son culte pour Madame la Directrice, ce culte reste une adoration pleine de respect et de crainte, silencieuse et sans exigences qui s’attache aux toilettes de « Madame la D. » à ses dents « plombées en or », à sa science, à ses vertus. Et c’est ce que dans les écoles de filles, on appelle « une flamme ».

Je pense au film célèbre Jeunes Filles en Uniforme. Gretel, enfant choyée par ses parents, n’a pas l’exaltation maladive de Manuela.

Il y a des « flammes » qui ne brûlent pas sans fumée. La très légère, très innocente déviation de l’instinct peut s’accentuer dangereu-